Association

Edgar Faure

Association

Edgar Faure

Témoignage : Arnaud MONTEBOURG

Ce discours est dédié à mon grand-père maternel
Khermiche OULD CADI

Des remerciements chaleureux vont à Sylvie FAURE, Agnès OPPENHEIMER, Madame Edgar FAURE, Jean-Denis BREDIN, Roland DUMAS, Messieurs les Bâtonniers René BONDOUX, Francis MOLLET-VIEVILLE et Henri ADER, Paul LOMBARD, François SARDA, Jean GALLOT, Jean CASTELAIN, Jean APPIETTO, Yves OZANAM, Stephen BENSIMON, Michèle ARNOLD, Vincent ASSELINEAU, Jean-Didier BELOT, Sofia BENGANA, Stéphane BONIFASSI, Hermance CONSTANT, Maxime DELHOMME, Clotilde GALY, Nathalie GANIER-RAYMOND, Jérôme HERCE, Juliette KRIVINE, Laurence LAUTRETTE, Jean-Christophe MAYMAT, Agnès MONTENAY, Laurence OLLIVIER, Serge PEREZ, Silvestre TANDEAU de MARSAC et Denis TORDEUR.

 

Imaginez Edgar FAURE, 38 ans.

Imaginez Edgar FAURE, arrivé à NUREMBERG dans sa Simca grise, avec à ses côtés, Lucie, qui lui sert de boussole.
NUREMBERG 1946, un grand cimetière sous la lune, une ville rasée. Il ne reste qu’un château de pierre noire, un bourg fortifié, dressé !
L’impression de toc d’un décor de cinéma fabriqué pour une scène de Nosferatu (1).
Edgar FAURE participe à la gigantesque démonstration publique, tragique, à voix haute et pédagogique. Le Général de Gaulle a signé son décret de nomination quelques semaines plus tôt. Edgar FAURE est le deuxième accusateur français : Monsieur le Procureur Général Adjoint.
Des heures d’interrogatoire et de réquisitoire pour le jeune avocat procureur
Contre l’état d’anti-droit.
Tous les outils de la civilisation mis scientifiquement au service de la barbarie sont démontés, exhibés, pièce par pièce.
Joachim VON RIBBENTROP, chef de la diplomatie hitlérienne, grand prussien aux doigts de pianiste, se tient assis, hébété, entre HESS et GOERING, le casque de traduction simultanée sur les oreilles.
Edgar FAURE est debout, de l’autre côté de la salle d’audience, à 30 mètres. Le Ministre des Affaires Etrangères de Hitler se dérobe, recule, renie son engagement (2).

Edgar FAURE ne laisse pas un millimètre au nazi dans son contre-interrogatoire :
« Je voudrais lire à l’accusé le premier paragraphe d’une lettre de l’Ambassade d’Allemagne du 27 juin 1942, adressée au chef de la Sicherheitspolizei en France.
« Le Hauptsturmführer Dannecker ma indiqué qu’il avait besoin au plus tôt de 50 000 Juifs de la zone libre pour être déportés vers l’Est, et qu’il convenait de soutenir l’action de Darquier de Pellepoix, Commissaire Général aux Questions Juives. (…)

Est-ce que vous avez été au courant de cette démarche pour obtenir la remise de 50 000 Juifs ? »
VON RIBBENTROP : « Non, je ne l’étais pas. « 
Il croit avoir paré le coup, mais il est déjà dans le piège.

Question d’Edgar FAURE : « Si vos collaborateurs faisaient des démarches de ce genre sans vous tenir informé, est-ce que ce n’est pas parce qu’ils considéraient qu’ils agissaient dans le sens de vos instructions générales ? »
VON RIBBENTROP nie encore : « Non. Je n’ai rien su au sujet de cette mesure à prendre contre 50 000 Juifs. »
Le Nazi se met la corde au cou sans même s’en rendre compte : « Je sais seulement que les instructions générales étaient d’apporter beaucoup de lenteur dans ces affaires et d’agir de telle sorte que cela ne soit pas forcé mais aplani. »
Aplani, Monsieur VON RIBBENTROP ?
Lucie, épouse FAURE était née Lucie MEYER. Une grande partie de sa famille n’était pas revenue des camps (3).
Je voudrais seulement que tous les manipulateurs de la vérité historique, toute la vermine négationniste, sachent que les mots prononcés par Edgar FAURE à NUREMBERG ont trouvé leur force dans les crimes que ceux-ci cherchent aujourd’hui à faire disparaître.

Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les Hauts Magistrats, Monsieur le Bâtonnier,
Edgar FAURE a t-il besoin d’être défendu ?
Peut-être, parce tout homme, même original, prend dans l’échelle historique des valeurs, des utilités et des forces, une taille qui ridiculise ses actes et son oeuvre.
1908-1988.
Qu’en reste-t-il ?
Peut-être rien.
Edgar FAURE est comme ceux dont les manuels d’histoire ne savent pas quoi faire : son nom doit y figurer mais on ne sait pas trop où.
Le voici aujourd’hui soumis au châtiment de l’inconfort (4). Dans l’inconfort de l’histoire, où il n’est ni approuvé, ni condamné.
Ecoutez pourtant l’énumération des voix officielles.
Avocat, Deuxième Secrétaire de la Conférence, député, Président de l’Assemblée Nationale, sénateur, 12 fois ministre, 2 fois Président du Conseil, agrégé de droit, auteur de romans policiers truculents (5), et de livres très sérieux, narrateur hors pair, pianiste, auteur de lois, confectionneur de blagues, parolier, vainqueur de procès, polyglotte, traducteur de russe, vulgarisateur de Popper (6), spécialiste de Turgot (7), très amoureux de Lucie, académicien, et diable de surdoué…
L’homme aux mille talents entend-il aussi la réplique de ses détracteurs? Girouette, dilettante, intellectuel…
Trois mots radicalement éliminatoires pour paraître à la fenêtre de la postérité.
Trois mots ravageurs, inacceptables, comme tous ceux que nous avons tous un jour utilisés contre Edgar FAURE : « Cet homme a retourné sa veste » disions-nous.
Mais vous ne savez pas à quel point cet homme est un obsessionnel des mêmes idées.
Vous, conservateurs de droite, heureusement que vous aviez Edgar, pour faire les réformes dont vous êtes congénitalement incapables !
Et vous, progressistes de gauche, comment oser vous plaindre que vos idées, intelligentes, aient été appliquées par un homme qui, lui, savait les mettre au pouvoir !
Parti Radical. MRP. UNR. UDF. UDR. RPR. RGR, peu importe !
Ce sont les partis qui tuent les convictions et brident l’imagination. Ce sont des machines à fabriquer des disciples et à les désespérer. Edgar n’était le disciple de personne et n’en a enfanté aucun.
Les partis sont à ses yeux des jouets, qui lui ont rendu au centuple son mépris légendaire.
« Il faut savoir changer de parti pour ne pas changer d’idées ». C’est le Cardinal de RETZ qui l’écrit. Exactement ce qu’a fait Edgar (8).

Mais regardez plutôt comment, entre deux avocats, de la même génération, à égalité de capacité, amis jusqu’au tutoiement (9), se disputant les mêmes femmes, l’histoire a préféré Pierre MENDES-FRANCE, avec qui Edgar FAURE fabriquera pourtant le plus joli numéro de duettiste en alternance de la IVème République.
L’esprit de MENDES a vécu longtemps, mais à quoi a-t-il servi ?
A remuer la culpabilité des entrailles françaises.
A arracher une investiture, perdue 7 mois, 17 jours plus tard. Voilà tout.
Edgar est d’une autre nature.
Pas de statue équestre pour Edgar FAURE.
C’est un mécanicien qui fait marcher le moteur de l’histoire. Un plombier de génie, qui sait réparer la fuite, trouver la rustine, régler le débit de l’eau, ajuster les caractères, fabriquer une majorité et sortir les intérêts français de l’embarras.
MENDES a été rejeté par tous les régimes, comme une greffe osseuse refusée par un corps social réfractaire à la douleur.
Edgar, lui, a été adopté dans les feux d’artifices, la bonne humeur et la joie de deux Républiques.
Et il n’est regardé que comme un fabricant de boutades. La vilaine injustice !
Pourtant, les convictions et la vision du monde des deux hommes étaient les mêmes : expansion économique redistributive, aucun dogme monétaire, réussir la décolonisation, organiser l’Europe.
Edgar et MENDES ont été l’animus et l’anima des mêmes idées !
Seules leurs méthodes étaient opposées : MENDES dit ce qu’il va faire, cherche à obtenir les moyens pour le faire, et s’il ne les obtient pas, ne le fait pas. Ne les obtenant jamais, il ne faisait donc rien.
Edgar, lui, ne dit jamais ce qu’il va faire, se fait accorder des moyens, avance jusqu’à ses buts toujours bien arrêtés. Personne ne s’en aperçoit.
Le premier refuse les compromis et ne gouverne jamais. Le second utilise les combinaisons pour faire avancer ses choix, et gouverne toujours.
« Avoir toujours raison…. c’est un grand tort » : signé Edgar FAURE, Mémoires, Tome I.

Voulez-vous donc le mode d’emploi pour entrer dans l’Histoire de France ?
Fabriquez-vous d’abord un dogme.
Isolez-vous sur un promontoire, crachez des prédications pendant 20 ans. Et faites le pari que votre heure viendra.
Ce pari, certains l’ont perdu : MENDES.
Certains l’ont gagné : le Général de GAULLE, ou plutôt non, François MITTERRAND.
D’autres n’ont pas joué : Edgar FAURE.
Il a toujours refusé les dogmes. C’est pourquoi l’ancien Président du Conseil na pas pu conquérir le coeur électoral de la France, la Présidence de la République. Parce que précisément il n’a pas passé sa vie à se déguiser en objet de culte !
Et reconnaissons-le : Edgar FAURE ne ressemble pas à un objet de culte.
L’homme ne prend pas la pose charismatique. Tout respire la légèreté.
On revoit les accessoires de l’intellectuel : la pipe de Magritte.
La calvitie, ajustée sur ce petit corps souple et alerte, arrivée vite comme un mode d’identification original sur une scène politique trop remplie.
Et les montures de lunettes successives dont la modernisation cyclique imprimait à l’usage du public, sur les photos officielles, la signalétique du temps qui passe.
Vous souvenez-vous du petit zézaiement ?
Comme une lime sèche qui scie progressivement la résistance au plaisir d’écouter et de se laisser convaincre.
Un petit bourdonnement qui ajoute à la vitesse délocution, au bousculement des mots par les idées, à la création des mots ajustés bout à bout, pour former le concept lancé vers l’avenir, comme une salve lumineuse dans le ciel de la réinvention perpétuelle du monde, faurien bien sûr, fauriste peut-être, euphorique certainement…

Edgar FAURE ne pouvait donc pas rivaliser avec le créateur de la Vème République.
Il est vrai que la différence de taille détermine parfois les dimensions historiques : 30 centimètres de moins entre Edgar et le Général. Le plus illustre des Français bavarde avec les étoiles, pendant qu’Edgar joue à la marelle sur le macadam de la complexité sociale et politique.
Les caricaturistes n’ont jamais peint Edgar qu’en coccinelle astucieuse posée sur la visière du prestigieux képi.
Cela restera donc. Mais méfions-nous de la grandeur.
Ecoutez plutôt Edgar plaider pour lui-même à travers Turgot, Ministre de Louis XVI :
« On peut distinguer chez les hommes d’Etat supérieurs deux types contrastés : le type providentiel ou machiavélique, (de GAULLE) avec une carrière offerte aux grands coups du destin, (de GAULLE) un génie orienté vers les problèmes de puissance (guerre, diplomatie, domination nationale) (de GAULLE) (10).
Et le type réaliste et logicien, (Edgar FAURE) porté aux promotions régulières, attiré vers l’économie, les finances, les problèmes dynamiques de la vie des sociétés (Edgar FAURE).
L’histoire montre – conclut-il – que ces deux types se rencontrent rarement.
Ils ne se comprennent jamais ».
Allez donc comprendre alors comment, après avoir voté non, le coeur déchiré, au Référendum Gaullien de 1962 (11), après avoir voté non, comme parlementaire et comme juriste, comme son confrère Gaston MONNERVILLE (12)
Allez comprendre comment ce même Edgar FAURE devient Ministre de l’Agriculture du Général en 1966.
C’est en vérité une grande histoire d’amour paradoxale qui vient de commencer.

Barricades, Grenades lacrymogènes, Nanterre, Le Quartier Latin, Le Pouvoir aux Travailleurs, Charléty, Mai 1968.
Que les heures sont longues dans ces palais ministériels où le téléphone ne sonne plus.
Au Ministre de l’Intérieur qui se plaint de la fatigue des CRS, le Général dit « donnez-leur de la gnôle » (13).
Le découragement surprendra tout de même le grand homme au 29ème jour de tant d’ingratitude.
Le Général s’en va … non pas à Londres cette fois, mais à Baden Baden.
On attendait les chars.
Et on a eu … Edgar.
Le voici ! Appelé à l’aide pour recoudre les deux Frances.
Ministre des inconciliables. Ministre des étudiants et des Recteurs !
Ministre de l’Education Nationale.
Le savoir-faire d’Edgar FAURE l’avocat, c’est précisément la contradiction d’intérêts.
Il plaide donc pour les étudiants devant les gaullistes, et pour le gaullisme devant les révolutionnaires.
Il tient conclave permanent, jour et nuit, au Ministère, dans la DS officielle noire.
Il embauche Jean-Denis BREDIN, François FURET. Ses propres filles viennent discuter de réforme après s’être laissé tenter par la révolution (14).
Lucie fait venir de fins esprits, Jean-Louis BARRAULT, Maurice DRUON, Roger STEPHANE, qui apporteront les nuances à la formule salvatrice qu’Edgar le savant calcule seul, dans la boîte noire de son imagination, pour l’avenir de la France.
L’Edgar Faurisme entre en scène.
Edgar réinvente un monde, de nouvelles règles où chacun aura sa chance. Un phalanstère universitaire où Alain PEYREFITTE et Daniel COHN BENDIT seront voisins de palier.
Devant le Parlement, du haut de la Tribune, Edgar jette son produit de synthèse dans l’eau encore bouillante.
« Puisqu’en mai l’imagination n’a pas pris le pouvoir, c’est au pouvoir de prendre l’imagination », Sourires sur les bancs gaullistes.
« La révolution n’est pas l’émeute. Il y a des conservateurs brutaux, voire des réformateurs brutaux. Il peut y avoir des révolutionnaires tranquilles ». Rires jaunes sur les bancs gaullistes (15).
Edgar ramasse sur les barricades toutes les idées révolutionnaires et les installe dans sa réforme : la cogestion participative des Universités ou la thèse collective par acclamation….
Serait-il devenu l’avocat de la jeunesse ?
« La jeunesse – dit-il- constitue presque aujourd’hui une sorte de classe » -vocabulaire marxiste- « qui met en cause le reste de la nation. » -vocabulaire gaullien- « Elle éprouve le frémissement de la puissance neuve et désireuse d’être enfin elle-même et de s’affirmer ».-vocabulaire faurien (16). Et applaudissements sur tous les bancs. Vote à l’unanimité d’une loi, que dis-je d’une charte ! Sur laquelle l’Université vit encore (17).
A ce jour, personne n’a osé l’abroger. Produit chimique inaltérable, preuve de l’intelligence sociale de son auteur.
Edgar a alors juste 60 ans. Il est au sommet de son art.
Il parle mieux de la jeunesse que la jeunesse na su peut-être elle-même exprimer son propre malaise.

Car Edgar, Jean, Vincent, Barthélemy FAURE, alias Edgar SANDAY (18), a lui aussi été jeune.
Il est arrivé, faut-il le rappeler, au Palais en savates (19).
Avec pour seul atout pour jouer son destin en 1927 : lui-même.
Edgar a été avocat, et jusqu en 1940, exclusivement avocat.
A peine avait-il pris le temps à vingt et un ans de se faire élire Deuxième Secrétaire de la Conférence (20) qu’il devenait, un avocat spécialisé dans les affaires, que seuls ceux qui n’y ont pas goûté trouvent ennuyeuses : le contentieux pétrolier et la chicane douanière (21).
Edgar FAURE n’est donc allé qu’une seule fois à la Cour d’Assises pour un acquittement involontaire et, à ses yeux, dérisoire.
Le fait de juger des hommes le répugne en profondeur.
L’appel à la sensibilité, la plaidoirie compassionnelle sont, pour lui, des formes dégradées de l’argumentation (22).
Il préfère les juridictions intellectuelles qui tranchent des concepts, des juridictions devant lesquelles on emploie les armes de l’esprit.
Maître FAURE arrive à la barre. Il ne voit pas son adversaire. Il ne voit que le problème à résoudre, selon ses vues extravagantes.
La folie intellectuelle du plaideur va se transformer dans un instant par le truchement du verbe faurien en attendu de principe sur la minute du jugement nécessairement victorieux.
La thèse est folle ? Elle devient de bon sens.
Les arrêts lui donnent tort ? Il sort de ses poches des jurisprudences englouties, fait venir à la rescousse une maxime romaine et jette dans la balance le proverbe languedocien qui résume et transfigure génialement le dossier.
Les textes s’opposent à lui ? Peu importe, les dossiers subissent les coups d’accordéon de la transformation intellectuelle de la contrario en a fortiori. Cet homme est un prestidigitateur de la conviction.
Le Président regarde l’énorme dossier aux mille cotes posées devant Maître Edgar FAURE :
Q : »Pardon Maître vous pensez plaider combien de temps ? »
R : « Ze ne sais pas, Monsieur le Président.
Comment saurais-ze ? Trois heures ou trois minutes.
Le mieux sera sans doute que ze plaide trois heures en trois minutes ».
Et il plaide (23).
Pas d’éloquence. Aucun effet. Il est l’éloquence. Rien n’est visible, tout est efficace.
Son esprit de géométrie construit, trace ses schèmes. Edgar réfléchit à voix haute, force ses auditeurs à réfléchir (24), jusqu’à l’aboutissement de l’évidence.
L’éloquence sans jamais y prétendre. Voilà Edgar FAURE.
Mais Edgar l’avocat souffrait d’une seule chose.
De n’être que le mercenaire épisodique d’histoires particulières et abracadabrantes.
Il attendait l’appel du collectif.
L’histoire heureusement n’est pas avare, la voici qui l’emporte déjà…
En quittant le palais, il n’a pas quitté la robe, il l’a emportée sous le bras, avec lui. Voyez maintenant comment hors du palais, on peut rester un avocat.

Drôle de guerre ! Etrange armistice ! Bizarre entrée en politique !
Tour à tour mobilisé et démotivé, immobilisé, démobilisé, il n’est pas homme à aller siroter des citronnades du côté de Vichy.
Une pulsion intellectuelle et sentimentale le pousse à abandonner ses dossiers, vendre tout ce qu’il possède, fabriquer des faux ausweis. Il emmène Lucie et Sylvie sa première fille et monte sur le dernier paquebot pour Tunis la belle (25).
Il rejoint la France Libre où il prépare les projets de loi du Gouvernement Provisoire de la République Française.
Un jour, un de ses malheureux ministres, tout aussi provisoire, imagina une législation d’exception contre les membres de la milice. Ce texte contenait quelques monstruosités juridiques comme la faculté de procéder à des exécutions sans jugement.
Edgar note dans la marge :
« De telles actions se conçoivent fort bien dans la fièvre des combats mais je ne saurais prendre en aucun cas la responsabilité de les inclure dans un monument du droit français ».
Il multiplia les notes et explications, rien n’y fit.
Le texte parsemé de signatures comme une pétition d’adolescents, aboutit sur la table du Général de Gaulle, qui le biffa d’un trait rageur et définitif.
Edgar se découvre des forces de conviction pour faire écarter d’autres projets, comme celui qui organisait une cérémonie spéciale pour le Maréchal PETAIN.
Il était prévu dans une loi de le dégrader Place de l’Etoile, sur le front des troupes, après quoi son Bâton de Maréchal serait solennellement cassé.
Edgar note dans la marge :
« On pourrait le lui casser sur la tête ».
Cette réflexion suffit à régler l’affaire (26).
Il faudra que tous ceux qui ont pensé ne serait-ce qu’une minute qu’il y avait de l’opportunisme dans Edgar, se rappellent ces scènes.
Car la tentation était grande d’accepter certains accommodements dans un sens ou dans un autre.
Edgar s’est engagé jusqu’au bout, avec sérieux, avec humour, comme toujours.

En 1946, il téléphone à un de ses amis :
« Mon cher Jean. On va faire de la politique. On va s’inscrire au MRP ».
« Qu’est-ce que c’est le MRP ? »
« Chais pas. Je sais qui a personne » (27).
Et Edgar FAURE choisit … les Radicaux.
Le voici dans le Jura tabulaire, Lons-le-Saunier… une minute d’arrêt (28), à parler de tout, du tout à l’égout, jusqu’à l’ONU (29).
Sous le préau, un électeur interpelle notre parisien sur ses origines.
« Je suis Franc-comtois de Naissance, -jette-t-il- depuis … tout à l’heure » (30)
Il est élu, réélu, encore élu, météore ascensionnel de la IVème République, le voici Secrétaire d’Etat, ministrable, Ministre, et … Président du Conseil….
Cher Président, vous voici enfin appartenir au club.
Le club des chevaux habitués du manège, tous membres du même tourniquet, qui ne font plus qu’un devant l’opinion, tous coadjuteurs de la même charge, tous co-titulaires de la même gestion sans distinction de leurs apports.
Le club des Anciens Présidents du Conseil.
1952, première investiture, pour 40 jours, avec 40 ministres, que la presse appelle ses 40 voleurs (31).
1955, deuxième investiture, pour 14 mois d’expansion dans la stabilité, d’impasse budgétaire maîtrisée et d’initiatives multiples de débudgétisation (32).
Les formules économiques du Président FAURE font manger les français à leur faim.
Mais l’histoire aura-t-elle enfin quelque chose d’Edgar-Faurien à se mettre sous la dent ?

Combien d’atrocités faut-il donc pour y entrer par la grande porte ?
Guerre d’Indochine, Guerre d’Algérie, Guerre du Maroc ?
Si Edgar FAURE s’était laissé entraîner dans la guerre du Maroc, il serait célèbre. Mais il a su léviter.
1953. La France dépose et exile Mohamed V, Sultan du Royaume (33).
Cette sottise embrase le Maroc qui s’incarne religieusement dans son Roi. Tous à Paris se persuadent que son retour signifie la perte inéluctable du Protectorat.
C’est l’imbroglio.
Un fil suspendu entre Paris et Casablanca sur lequel le Président du Conseil va devoir marcher seul, à pas de funambule, pendant 12 mois, emportant le Gouvernement dans ses bras comme une portée de chiots remuants et irresponsables, l’empêchant de conserver son équilibre, et risquant à chaque instant, à chaque mètre gagné, de chuter dans la mer.
Il y mettra tout son talent oratoire, sa conviction, sa prescience, son courage.
Edgar FAURE sait ce qu’il veut et où il va.
Mais il ne dit rien.
Il veut faire faire à la IVème République le travail de décolonisation. Comme Turgot voulait faire faire la Révolution Française à Louis XVI pour éviter que celle-ci ne le renversât.
Comme Turgot qui s’adressait au Monarque, il aurait pu dire (34) :
« Savoir offrir la liberté comme un don
Au lieu de se laisser arracher par la force
L’empire qu’on ne pourra plus garder » !
Mais que peut faire Edgar FAURE pris dans la tenaille.
D’un côté la propagation des ondes insurrectionnelles marocaines, de l’autre, la majorité de son propre gouvernement, sous l’influence des voix corruptrices des ultras de la Présence Française au Maroc.
Ses propres ministres lui crient : « Le retour du sultan, vous n’y pensez pas ! Les électeurs de la Côte d’Or ne l’accepteraient pas » (35).
Edgar les convoquait pour des brain storming conciliateurs, mais dit-il « Il y avait plus de storming que de brain ».
A la Chambre, on brandissait des poignards. Edgar essuyait des salves d’interpellation : 17 en une nuit, 14 en 8 heures.
Sur le Maroc, Edgar risquait son fauteuil, que ses propres ministres convoitaient déjà.
Il réussit à les retourner un à un.
Il s’est servi de ses deux meilleures armes : la conviction et le courage.
« Mon point de force – explique-t-il – c’était tout simplement le point de faiblesse de mes adversaires. « 
« Leur position était affectée par une faille logique. Il convenait donc de procéder selon la méthode des avocats américains, spécialistes de la cross examination, en progressant du plus sûr vers le moins sûr, par une série de oui et de non, les amenant ainsi jusqu’au point où ils seraient obligés, soit d’accepter mon point de vue, soit de contredire le leur » (36).
Mais le tohu-bohu l’emporte.
Sa majorité, plus coloniale que jamais, va l’abandonner dans l’hémorragie des votes.
On veut l’empêcher de parler à la Chambre :
« Edgar FAURE ne doit pas monter à la tribune. Edgar FAURE est un traître » rugit la haine sotte, attisée par la presse mensongère.
Les députés s’arrachent la parole, l’un brandissant un dossier comme le couteau du sacrificateur, l’autre accusant pêle-mêle le Figaro, l’Observateur, la firme Coca-Cola, l’ambassadeur de l’Inde, le Pandit Nehru, un journaliste considéré comme l’inspirateur de la Conférence de Bandoeng, qui aurait été en relation secrète avec le Président du Conseil !
Edgar FAURE monte à la tribune.
« J’ai connu le doute, souvent l’angoisse. Quelle était aisée la tentation d’attendre !
J’ai été attaqué et semble-t-il calomnié assez méchamment. (…)
On m’a proposé en dernier lieu la tentation de la lâcheté. Je lai rejetée avec dégoût. (…)
Je voudrais qu’aucun de vous ne puisse penser qu’il a pris sa décision d’après une connaissance incomplète de ce qui est mon opinion, ma conviction ».
Dans ce discours de conviction et de courage, il lance la formule alors adoptée par le Gouvernement :
« L’indépendance dans l’interdépendance. (…) Sinon vous n’aurez que le sang et les ruines ».
Le Gouvernement est sauvé (37).
Pour une fois, c’est le discours qui a fait les votes ; Edgar l’avocat a fait prévaloir le verbe sur l’intrigue.
« J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ».
Voilà celui dont on voudrait faire une girouette, un dilettante et un intellectuel aux songes creux.
Que ceux qui le pensent encore quittent immédiatement cette salle !

Ainsi, grâce à Edgar, Mohamed V remonte sur le trône.
A cause de Mohamed V, Edgar perdra son fauteuil.
Mais à peine renversé, Edgar commet le crime de lèse République, l’infraction suprême à l’égard de la fierté Parlementaire, pour la première fois depuis 75 ans, il dissout la Chambre.
Lucie était contre, mais Edgar avait de l’orgueil (38).
Il a voulu rompre avec cette atmosphère parlementaire irrespirable et redonner au corps électoral le plaisir d’exercer ses verdicts cruels sur un système de confiscation politique.
En sortir. En sortir enfin, en 1956. C’est lui qui fut sorti.
« La dissolution a pu être une erreur tactique -dit-il- mais je ne la regrette pas : elle était intellectuellement justifiée » (39).
La conscience d’Edgar est avant tout intellectuelle.
Non, décidément ce n’est pas une girouette.

Edgar n’a connu qu’une seule fois le désespoir…. pendant 24 heures.
Battu pour la première fois aux élections de 1958, à 50 ans !
Qu’auriez-vous fait à sa place ?
Lui, passe l’agrégation de droit romain.
Le sujet tiré au sort est : « Les lois Caduçaires ».
La chance l’inspire.
Face à une plèbe dangereusement féconde, les patriciens s’imposaient à eux-mêmes un contrôle excessif des naissances.
L’empereur Auguste avait voulu leur enlever le droit de tester et d’hériter sils n’avaient pas fondé une famille.
Edgar fait un tableau magistral de la société romaine en déclin, des luttes de classes larvées qui la traversent, en relation avec les problèmes de notre temps (40).
Reçu premier.
Edgar FAURE unit ainsi dans l’action le sens des trois savoirs : le droit, la politique, l’histoire.

La politique, quelle aventure sensuelle et épicurienne !
C’est un tableau de Rubens pour la matière, un tableau de Géricault pour le mouvement.
Une kermesse d’êtres que l’on frôle, un corps électoral que l’on caresse par le verbe, qu’on aime platoniquement mais dont on voudrait provoquer l’adhésion massive.
Edgar voulait être aimé. Il aimait donc les gens, et ne manquait jamais une occasion de discourir et de faire rire.
« Dites-moi, cher Edgar, qui sont à votre avis les trois meilleurs orateurs politiques vivants ».
Un instant d’hésitation :
« Je cherche les deux autres » (41).
Et voici que curieusement, Edgar commence ses repas par le café. On l’interroge.
« Lucie me mettant au régime, je fais croire à mon estomac que le repas est fini avant même qu’il naît commencé » (42).
Lucie, la femme sans laquelle il n’aurait jamais pu fréquenter toutes les autres.
Grande, blonde, racée, un menton et du caractère.
Sans Lucie, pas d’Edgar. Le ying associé au yang. Une union vitale et mystérieuse de plus de 50 ans.
Elle est le petit penchant à gauche d’Edgar quand il tombe un peu trop à droite. Elle est le versant littéraire de la montagne d’érudition scientifique d’Edgar.
Lucie cultive l’art de l’ouverture de l’esprit de son mari.
Quel est l’homme politique français qui a ce point affiché publiquement la co-décision politique conjugale ?
La discussion est permanente et agitée dans le couple. Elle lui ouvre régulièrement les colonnes de sa revue, « La Nef » (43).
Alter ego, alter d’un ego gargantuesque.
Elle, brillante, méprisante et hautaine, à proportion de ce qu’il était incapable de mépris profond pour autrui et de s’éloigner des hommes qui, selon le don juanisme d’Edgar, avaient vocation à devenir tous, un à un, sans exception, soit des amis, soit des électeurs.

Edgar a été un grand amoureux.
Le voici à Florence, au Musée des Offices, des heures durant, devant l »Annonciation » peinte par Botticelli (44).
Edgar FAURE a le coup de foudre pour ce tableau qu’il a découvert tard.
On voit la main droite de l’Ange annonciateur, qui, à genou, approche la Vierge.
Celle-ci, sous l’effet imminent de la grâce, accomplit un mouvement de contorsion unique. Une attitude physiquement impossible, comme une figure chorégraphique inachevée.
On sent la Vierge attirée vers la grâce, on la voit aussi reculer.
On la voit avancer, et se rétracter.
On la voit dire oui, on l’entend dire non.
Edgar a vu dans cette figure de la Vierge, les deux attitudes philosophiques qui semblent avoir influencé toutes les décisions de sa vie : le « rite du refus et l’irrésistibilité de la grâce » (45).
Le oui et le non, contenu dans le même acte.
Incarnation du doute chez l’homme d’action.
Explication esthétique de la solitude devant le destin, le destin de celui qui l’a accepté comme un hasard, rien de plus, et qui a su rester un homme.
Un coeur simple.
La perte de Lucie a été le drame de la vie d’Edgar FAURE.
Jean GALLOT se souvient lui avoir rendu visite peu après (46) :
« J’étais venu dire à Edgar que je prenais part à ses chagrins. Dans ce bureau où nous étions seuls, tous les deux il se mit à me parler d’elle, et lentement je vis les larmes couler sur son visage, tandis que de sa voix enrouée par l’émotion, il poursuivait un long monologue qui me racontait tout l’amour qu’il portait à sa femme. Je lui pris la main, fraternellement, sans rien dire. Il me la prit, les yeux brouillés, sans parler, lui non plus.
Mais qu’est cet Edgar là devenu ?
Il s’est peu après remarié avec une belle jeune femme de 35 ans sa cadette. Elle s’appelle Marie-Jeanne. Il paraît ne plus pouvoir se passer d’elle. »
Edgar FAURE vient maintenant s’asseoir au piano.
Edgar le parolier, le compositeur, chante et scande la chanson philosophique de sa vie (47), de la vie qu’il a tant aimée, et qu’il na pas sacrifiée à la stupide postérité :
« On vit pour un instant, un instant qui vibre et qui passe
On vit pour un instant, un instant de feu et de glace
On vit pour un instant, et le reste du temps, on attend. »

Notes & références

  1. Edgar FAURE rapporte dans le tome 2 de ses mémoires intitulées « Si tel doit être mon destin ce soir » ses impressions visuelles autour du procès. Jean-Marc VARAUT dans son livre « Le procès de NUREMBERG » (Stock, Coll. Pluriels) en donne une description semblable.

  2. Le contre-interrogatoire d’Edgar FAURE a été publié par le Service d’Information des Crimes de Guerre, Office Français d’Edition, sous le titre : « Le procès de NUREMBERG, L’accusation française, La condition humaine sous la domination nazie », Paris 1946. D’intéressantes considérations sont développées par Monsieur DONNEDIEU de VABRES, Professeur à la Faculté de droit de Paris, et juge au Tribunal Militaire International des grands criminels de guerre de NUREMBERG dans un cours publié chez Montchrétien, intitulé : « Le procès de NUREMBERG ».

  3. Dans le premier tome de ses mémoires intitulées « Avoir toujours raison, c’est un grand tort », (Plon) Edgar FAURE fait allusion à ces faits dans le chapitre 5.

  4. La cellule de l’inconfort était conçue de telle sorte quelle empêchait le détenu de se tenir à la fois debout et à la fois couché.

  5. Son premier roman policier est intitulé « L’installation du Président FITZ-MOLE », collection « La Chauve-souris » chez Julliard (1940). Edgar FAURE a écrit un autre roman policier intitulé « Monsieur LANGOIS n’est pas toujours égal à lui-même » chez Julliard en 1948.

  6. A la fin de sa vie, Edgar FAURE a fait paraître un livre intitulé : « La Philosophie de Karl POPPER et la Société Politique d’Ouverture » chez Firmin Didot (1981).

  7. Edgar FAURE a publié son célèbre livre intitulé « La Disgrâce de Turgot » chez Gallimard en 1961, livre faisant aujourd’hui référence sur la question, à tel point qu’il a désarmé tous les biographes qui ont évité depuis le même sujet.

  8. Edgar FAURE utilisait souvent cette référence. Il la récemment encore citée dans sa dernière »Radioscopie » enregistrée par Jacques CHANCEL, (Radio France. France Inter).

  9. Unie, FAURE était très liée à Pierre MENDES FRANCE. Edgar FAURE et Pierre MENDES FRANCE se sont beaucoup fréquentés au Parti Radical de l’époque dont ils se sont fait alternativement exclure. Au delà des alliances gouvernementales qu’ils ont pu sceller, ils se sont engagés dans des pactes d’amitié politiques qu’Edgar FAURE raconte savoureusement dans le tome 1 de ses mémoires. Lire par exemple le chapitre 23 : « L’échec triomphal de Pierre MENDES FRANCE et l’avènement modeste de Joseph LANIEL ».

  10. Extrait de « La Disgrâce de Turgot » dans la collection « Trente journées qui ont fait la France » chez NRF Gallimard 1961 avec une préface de Jacques RUEFF de l’Académie Française.

  11. La formule « le coeur déchiré, comme parlementaire et comme juriste » était d’Edgar FAURE : interview du Figaro du 8 octobre 1962 et dans Paris Match de la même semaine.

  12. Hommage discret de l’auteur de ce discours à son « père », Monsieur Jean-Christophe MAYMAT, Premier Secrétaire de la Conférence en 1992 qui a prononcé à la rentrée Solennelle de la Conférence un éloge de Gaston MONNNERVILLE.

  13. Cette anecdote est citée par Laurent JOFFRIN, dans son livre « Mai 1968 » publié au Seuil (1988).

  14. Ces anecdotes sont racontées par Monsieur Daniel COLLARD dans un livre intitulé « Edgar FAURE » publié en 1976 (Dutuis Editeur)

  15. Séance mémorable à l’Assemblée Nationale du 24 juillet 1968.

  16. Séance du 24 juillet 1968 à l’Assemblée Nationale.

  17. La loi d’orientation dite FAURE a été adoptée par Assemblée Nationale le 10 octobre 1968. Se sont déclarés pour l’adoption : 441 suffrages. Contre l’adoption : 0 suffrage. Pour 480 votants (soit 39 abstentions). Il est exact que l’architecture générale de la loi na jamais été modifiée ; celle-ci a été amendée mais elle na jamais été abrogée.

  18. C’est sous ce pseudonyme qu’Edgar FAURE a écrit « Monsieur LANGOIS n’est pas toujours égal à lui-même » chez Julliard en 1948.

  19. La formule est du Bâtonnier René BONDOUX, Premier Secrétaire de la Conférence en 1932 (3 promotions après celle d’Edgar FAURE) et qui a été l’avocat d’Edgar.

  20. Le discours de Rentrée d’Edgar FAURE prononcé en 1929 s’intitulait : « Pascal, le Procès des Provinciales ». En dehors de l’impression effectuée par Ordre des Avocats, le discours a fait l’objet dune publication remaniée chez Firmin Didot en 1930.

  21. On doit rappeler qu’Edgar FAURE était un spécialiste de ces questions : il a écrit notamment plusieurs articles pour son patron, Jean MICHEL, Ancien Secrétaire de la Conférence (promotion Jacques CHARPENTIER). Edgar FAURE a écrit, lorsqu il était son collaborateur, un article dans la Nouvelle Revue Critique (1938) : « Le Pétrole dans la Paix et dans la Guerre ». En 1932, Jean MICHEL et Edgar FAURE avaient écrit ensemble un essai juridique intitulé : « La Question des Actions à Vote Plural ».

  22. Il faut absolument lire le chapitre 1er des mémoires d’Edgar FAURE intitulées « Le christ aux bras ouverts ».

  23. Cette anecdote est rapportée par Jean-Denis BREDIN dans un hommage qu’il a rendu à Edgar FAURE dans une plaquette éditée par le Nouveau Contrat Social intitulée : « Edgar FAURE – Le Mouvement des Idées ».

  24. La formule est de Jean-Denis BREDIN.

  25. Le départ pour Tunis est relaté de façon rocambolesque dans le chapitre 5 du tome 1er des mémoires d’Edgar FAURE.

  26. Chapitre 7 des mémoires intitulé « Le Gouvernement du Lycée Fromentin ».

  27. Cette anecdote est racontée savoureusement par Jean GALLOT, avocat au Barreau de Paris, compagnon de route politique d’Edgar FAURE sous la IV ème République, et par ailleurs gendre de l’ancien Président du Conseil Henri QUEUILLE,

  28. Le premier mandat d’Edgar FAURE : député de Lons le Saunier aux élections législatives du 19 novembre 1946.

  29. Edgar FAURE avait écrit un article qui chantait le plaisir des campagnes électorales intitulé « De légoût à l’ONU ».

  30. Se reporter au Chapitre 9 des Mémoires d’Edgar FAURE.

  31. On lira avec passion le journal des débats de Assemblée Nationale relatant la séance du 17 janvier 1952 à l’issue de laquelle Edgar FAURE s’est fait investir pour la première fois (Page 252)

  32. Ces trois formules qui sont passées dans le langage courant ont été inventées par Edgar FAURE.

  33. Le tome 2 des mémoires relate la façon dont Joseph LANIEL, Président du Conseil de l’époque avait cédé aux pressions des ultras défendant en Métropole les intérêts de la Présence Française au Maroc. A cette époque Edgar FAURE et François MITTERRAND, tous deux membres du Gouvernement LANIEL s’étaient publiquement opposés à la déposition du Sultan dans une lettre adressée au Président de la République.

  34. « La Disgrâce de Turgot », page 534, édition préfacée par Jacques RUEFF de l’Académie Française.

  35. Le mot est de Roger DUCHET, leader des Indépendants et Paysans, Député de Beaune (Côte d’Or), Secrétaire d’Etat dans le Gouvernement FAURE.

  36. Page 400 du tome 2 des mémoires d’Edgar FAURE.

  37. Il faut se reporter au Chapitre 36 du tome 2 des mémoires intitulées « Qui a peur du grand méchant loup ? » (Parlementaire)

  38. La décision d’Edgar FAURE a suscité une certaine incompréhension y compris dans son plus proche entourage. Il faut reconnaître qu’elle était un peu suicidaire.

  39. Cité par Daniel COLLARD dans son ouvrage intitulé « Edgar FAURE ». Op. Cit.

  40. Ces détails sont rapportés par le Doyen VEDEL dans un hommage publié dans un opuscule intitulé « Le Mouvement des Idées », édité par le Nouveau Contrat Social.

  41. C’est la réponse qua faite Edgar FAURE à cette question posée par Jacques CHANCEL au cours d’un Grand Echiquier à la télévision à la fin des années 70.

  42. Cette anecdote est rapportée par Agnès OPPENHEIMER, la deuxième fille d’Edgar FAURE, en style indirect. Pour les besoins rhétoriques du discours, elle a été transposée en style direct.

  43. Lucie FAURE avait notamment permis à Edgar de s’exprimer sur la question du Protectorat marocain : la NEF avait publié en 1953 un article montrant l’absurdité de la déposition du Sultan, qui avait provoqué une vague de remous dans les milieux politiques et intellectuels de l’époque.

  44. Des deux Annonciations de Botticelli, il s’agit de la première, peinte en 1489

  45. Il faut lire et relire les deux pages introductives du deuxième tome des mémoires d’Edgar, reprises par François MITTERRAND lui même dans un hommage dédié au Président FAURE « Le Mouvement des Idées ». Op. Cit.

  46. Jean GALLOT, Avocat au Barreau de Paris, Ancien Secrétaire de la Conférence, (Promotion Jacques ISORNI) a prêté serment en 1932, et a beaucoup aidé Edgar FAURE dans les débuts de sa carrière politique.

  47. Edgar FAURE a composé à la fin de sa vie ce poème chanté, intitulé « On vit pour un instant ». Il a été enregistré sur un 33 tours et chanté par Monsieur Jean Claude PASCAL, aujourd’hui décédé (Polydor).